Chronique EESF n°20 - mai 2014

Deux ans déjà

Deux ans déjà, depuis la publication de la dernière chronique du programme EESF...

Deux années passées à consolider son indépendance et ses fondements solidaires. Deux années riches de belles rencontres et de nouvelles amitiés.

Et toujours, cela ne finira jamais, de nouveaux défis à relever !

Deux ans déjà

La dernière chronique du programme EESF, en date du 19 juin 2012, était consacrée à l’ouverture d’une nouvelle dimension à notre action : faire découvrir aux enfants une des conditions fondamentales d’un développement durable, le devoir qu’a tout un chacun de consacrer son énergie et ses talents au service de ses semblables [1].

Restituant le cheminement qui avait conduit à l’organisation de la première rencontre interscolaire, cette chronique se terminait sur une note d’espoir : “les graines que nous avons semées sont en train de germer dans le cœur de nos enfants”.

Elle concluait quatre années d’efforts, de mobilisation de partenaires et de ressources pour construire un projet d’entreprise solidaire.

Cela fait deux ans.

Le programme EESF aurait-il, comme tant d’autres, disparu sans laisser d’adresse ? Aurait-il ajouté une ligne de plus à la longue liste des espoirs déçus du “développement” ? Finalement succombé aux attaques et dénigrements dont l’ont assailli ceux qu’animent la rage de voir sourdre l’espoir que les acteurs ruraux pourraient trouver en eux-mêmes les ressources de leur avenir, mettant ainsi à nue la supercherie de la “lutte contre la pauvreté” ?

Et bien non. Il est toujours bien là.

Ces deux années ont été consacrées, justement, à l’ancrer dans la durée.
Ce fut une tâche laborieuse. Face aux difficultés, on ne fanfaronne pas, on travaille... Car c’est dans la vérité et non sur les apparences que se construisent des partenariats solides, et que l’on suscite la confiance, en nous et dans l’avenir.

L’enjeu était double : il s’agissait d’une part de préserver l’indépendance du programme EESF en le dotant de ressources propres, et par ailleurs de renforcer la dimension solidaire de nos façons de faire et d’être, afin que nul ne puisse détourner nos acquis communs à son profit et d’encourager un investissement toujours plus grand de chacun dans un avenir partagé.

Des résultats de taille

Un partenariat fructueux a été établi avec l’Inspection Départementale de l’Enseignement, dont bénéficient 1500 enfants du CE1 au CM2. Il place les enseignants dans le rôle fondamental d’éducateurs, dont la mission est de "permettre à l’enfant de développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des responsabilités morales et sociales, et de devenir un membre utile de la société" [2].

En 2013, près de 1500 litres d’huiles et 8 tonnes de tourteaux ont été produits. De nombreuses huiles, de très haute qualité, dont la luminosité des couleurs et le parfum envoûtant ne trompent pas, ont été testées et suscitent un vif intérêt pour des usages variés (agriculture, alimentation, cosmétique...) : sésame, baobab, neem, arachide, bissap, pastèque, moringa, souchet, ricin.... Les ruraux découvrent avec stupeur les multiples richesses qui les entourent.

Le Jatropha n’est pas très productif. Une dizaine de tonnes de graines a été produite cette année, mais n’a pas été récoltée car elle se trouve répartie sur des kilomètres de haie. Mais ce qui est important, c’est qu’on continue à planter 60.000 plants environ chaque année, plus quelques milliers d’autres arbres d’espèces diverses. Les paysans sont en train de découvrir les bienfaits de l’agroforesterie sur les sols, et le Jatropha est un investissement pour l’avenir : un jour, inévitable, il constituera la seule source d’énergie accessible pour le monde rural. Plus que jamais nous en sommes convaincus, la maîtrise de l’énergie est la clef de la réussite de l’ambitieuse accélération de la décentralisation menée par le gouvernement, et nous y contribuons.

Les retombées sur l’économie locale commencent à être perceptibles : une vingtaine de femmes se sont lancées dans la fabrication de savon ; les achats de graines vont représenter en 2014 entre 5 et 10 MFCFA de nouveaux revenus ; des éleveurs ont accès à des prix compétitifs, à de nouveaux aliments pour l’embouche bovine, à base de tourteaux de sésame et de baobab ; des agricuteurs ont découvert la puissance du tourteau de neem comme amendement sur les cultures maraîchères ; et surtout un emploi de technicien a été créé pour un jeune du département. Tidiane est en train de devenir un vrai huilier professionnel. Le programme EESF crée de la richesse, et la partage.

Tout cela aurait été impossible sans des partenariats indéfectibles, une richesse que nous mettons tous nos efforts à préserver et entretenir, avec Présent d’Avenir ("réseau de femmes et hommes porteurs de solidarité") et Kinome (entreprise sociale soucieuse de s’inscrire "dans une dynamique d’évolution visant à apporter la plus grande qualité de vie à toutes les personnes impactées de près ou de loin par ses activités").


[1] Déclaration des Droits de
l’Enfant, 10ème principe

[2] Déclaration des Droits de l’Enfant, 7ème principe


publié par   Bruno Legendre
le vendredi 23 mai 2014
 
 

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