Chronique EESF n°22 - juillet 2014

100.000 arbres prêts à être plantés !

La composante agroforesterie du programme EESF est son poumon. Depuis 6 ans elle prépare l’avenir énergétique du département de Foundiougne en travaillant à l’intégration du Jatropha dans les systèmes de production paysans.

Plus que jamais elle mobilise...

Et elle vient même de battre un record !

Un record

Au mois de juin 2014, alors que l’hivernage approche à grands pas on a décompté dans les 19 pépinières paysannes du programme EESF plus de 105.000 plants, prêts à être repiqués !

C’est un véritable record.

Ces pépinières sont réalisées de façon complètement autonomes par des paysans. Dans le cadre d’un partenariat avec KINOME (France), ils perçoivent une prime de 20 FCFA par plant sain effectivement produit.

Alioune Senghor à Dantakhoune, et Yougo Thioub à Keur Serigne Bamba, ont produit à eux deux plus de 35.000 plants : l’agroforesterie commence à devenir pour eux une belle affaire !...

Le Tabanani (Jatropha) occupe toujours une très belle place dans ces pépinières, avec quelques 90.000 plants : c’est qu’il constitue un véritable investissement, porté par une initiative, locale à 100%, dont l’objectif est de mettre en place une source durable d’énergie qui puisse se substituer aux produits pétroliers le jour, inévitable, peu importe quand, où ils viendront à manquer.

Un tel investissement peut paraître paradoxal alors que, dans toute la sous-région, la déception est grande devant une productivité du Jatropha bien en deçà de ce qui avait été espéré, et qu’on en abandonne progressivement la culture. Mais la logique du paysan, décidé à sortir des marécages de l’indigence, n’est pas celle de l’investisseur dont les choix sont guidés par les revenus générés par son capital. C’est sa force, son temps, son espoir surtout que le paysan investit.

Et puis il n’y a pas que du Jatropha dans les pépinières du programme EESF ! On y trouve aussi près de 15.000 pieds d’Eucalyptus (que les paysans utilisent comme bois de construction), de Moringa (dont les graines produisent une huile pour laquelle SOPREEF est très sollicitée), et d’arbres fruitiers (citronniers et goyaviers).

Mobilisation

Les pépiniéristes ne sont pas les seuls à s’investir dans le programme EESF.

L’année dernière le prix du Sésame s’est envolé du fait d’une demande inattendue d’acheteurs chinois, et SOPREEF n’a pas pu renouveler son stock de graines : l’huile qu’elle produit aurait été trop chère. Le risque pour les paysans est que cette année, devant le nouvel engouement suscité par cette culture, les prix s’effondrent. Comment résister à ces spéculations ?

La réponse a été simple, et elle est une très belle illustration de la relation solidaire qui nous unit.

SOPREEF a conclu des contrats de production de sésame avec 24 paysans, sur la base d’un prix juste, calculé à partir de la valeur de l’huile qu’elle extraira des graines. Ils s’engagent à livrer toute leur production à SOPREEF même si les prix du marché restent élevés ; et SOPREEF, qui a fourni les semences, s’engage en retour à acheter toute leur récolte dans les conditions convenues, même si les prix chutent sur le marché.

Les revenus des paysans sont ainsi sécurisés, et SOPREEF peut garantir à ses clients qu’elle continuera à leur fournir cette huile douce et parfumée, aux nombreuses qualités.

Au total ce sont ainsi 40 producteurs, dans 20 villages, qui travaillent en synergie étroite avec SOPREEF.

On pourrait y ajouter encore les 16 femmes qui se sont lancées dans la production de savon, et les 6 collecteurs auxquels SOPREEF a confié une caisse d’avance pour qu’ils puissent acheter au fur et à mesure, même en très petites quantités, les graines de toutes sortes que tout un chacun peut fournir à SOPREEF tout au long de l’année.

Au-delà des records, cette mobilisation autour d’un projet d’entreprise commun, est la plus belle réussite du programme EESF. Elle était son objectif.

Voici ce que l’on pouvait déjà lire dans la 4ème édition de la "Chronique du programme EESF", en juillet 2009, alors qu’il n’avait alors qu’une seule année d’existence :

"Les dynamiques rurales sont suffisamment riches, les enjeux du développement suffisamment puissants, pour que nous n’ayons pas besoin de nous inscrire dans le sillage de modèles exogènes. Ne nous laissons pas balloter au gré de leurs enthousiasmes et de leurs échecs ! Le développement durable (...) repose sur la force de la vision que nous avons de notre avenir".

Utopie ?

Peut-être pas, finalement...


publié par   Bruno Legendre
le mercredi 9 juillet 2014
 
 

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