2004, accès à l’eau potable
L’amélioration de l’accès à l’eau potable à Bambadinca et dans 5 autres localités de la région de Bafata, dans le cadre d’un programme d’hydraulique rurale financé par l’Union Européenne, a constitué le modèle à partir duquel a été élaborée la stratégie nationale de gestion du service public de l’eau dans les centres secondaires de Guinée Bissau.
Le réseau de desserte en eau potable de cette localité de 4250 habitants, réalisé en 2004, comprenait 10 bornes-fontaines et 3 pompes à motricité humaine. Il était alimenté par trois pompes solaires de type SQFlex et d’une puissance totale de 3360 Wc, fournissant 49 m3 par jour.
L’investissement s’est élevé, tout compris, à 56 MFCFA, soit 16.679 FCFA/Wc ou 4.67 MFCFA par point de distribution, avec un prix de revient de l’eau produite de 417 FCFA/m3.
L’organisation de la gestion du service public de l’eau reposait sur un principe essentiel : un contrat doit pouvoir être résilié si les engagements pris ne sont pas tenus. Il en découle qu’une association d’usagers ne peut pas être contractée comme exploitant ; son rôle est de faciliter le recrutement et le suivi d’un exploitant, et d’assurer la continuité du service si celui-ci est défaillant. De telles associations ont d’ailleurs une dénomination toute particulière dans le code de l’eau guinéen, qui les prédestine à ce rôle :"asociaciones de interesse hidrico’.
Dix ans plus tard, le service d’eau potable est toujours fonctionnel et l’exploitant a même investi dans l’extension du réseau. C’est une véritable performance, rare encore dans la sous-région, et de nouveaux partenaires ont décidé de s’appuyer sur les capacités ainsi démontrées pour investir dans l’accès à l’électricité.
2014, accès à l’électricité
Bambadinca est un grand carrefour commercial. La localité compte aujourd’hui environ 7000 habitants.
La technologie photovoltaïque étant maintenant bien acceptée par tous, c’est elle qui sera encore au cœur du nouveau projet, qui consistera à la réalisation d’une centrale hybride constituée d’un générateur solaire de 312 KWc couplé à 3 groupes électrogènes de 80 KVA et à un parc de batteries de 41.400 Ah.
Grâce aux 1490 KWh ainsi stockés et une gestion optimisée des générateurs thermique et solaire par des onduleurs SMA, plus de 400 ménages bénéficient désormais d’un accès à l’électricité 24 heures sur 24.
Chaque usager souscrit pour une puissance et consommation d’énergie maximale par jour, dont la combinaison définit un niveau de service.
Les compteurs à prépaiement installés chez les usagers, outre qu’ils allègent les coûts de recouvrement et facilitent la relation avec les usagers, introduisent aussi des innovations particulièrement intéressantes :
- Les usagers peuvent fractionner leurs paiements et adapter leur consommation à leurs ressources.
- La part non consommée du forfait d’énergie souscrit est reportée sur le jour suivant, donnant ainsi plus de liberté à l’usager dans la gestion de sa consommation.
- Un système de double tarification encourage les consommations en période de plein ensoleillement, et permet d’éviter que l’énergie produite par le générateur photovoltaïque, une fois les batteries pleines, soit perdue.
Conclusion
Ainsi que nous l’avons montré dans d’autres pays, la mise en place d’un service public de l’eau performant, une des priorités majeures des Objectifs du Millénaire pour le Développement, ouvre la voie à de belles perspectives de développement rural durable.
Ainsi, au Niger il constitue une véritable opportunité pour l’émergence de PME ; en Guinée, il est reconnu comme un moteur de la décentralisation ; et aujourd’hui Bambadinca s’apprête à devenir un nouveau modèle, pour l’électrification rurale cette fois-ci.
Contributions