L’école et le développement

Une situation préoccupante

Le Sénégal vise à atteindre, à l’horizon 2015, la scolarisation universelle : il s’agit de permettre à chaque enfant d’accéder au cycle primaire et de le terminer sans retour à l’analphabétisme.

Statistiques

Selon les statistiques officielles, le taux brut de scolarisation (pourcentage des enfants âgés de 7 à 14 ans fréquentent les classes de l’Elémentaire) était de 100% en 2006, mais le taux d’achèvement (pourcentage d’enfants entrant au CI et terminant le cycle primaire sans redoubler) était de 50% en 2005.

L’entrée des enfants au primaire est souvent tardive, mal préparée (on ne comptait en 2003 que 705 établissements préscolaires pour 6060 écoles primaires) et beaucoup d’entre eux se heurtent à un problème de langue (l’enseignement en langues nationales, tenté dans les années 80, a été abandonné).

Ainsi, seulement la moitié d’entre eux qui réussiront à l’examen d’entrée en 6ème, et finalement ce ne sont que 10% des enfants entrés à l’école primaire atteindront le baccalauréat : en 2004, on ne comptait que 356.000 élèves dans le secondaire pour 1.400.000 dans le primaire.

Les performances du système éducatif sont préoccupantes

Le niveau général est faible. Des enseignants en 1ère année à la Faculté des Sciences de l’Université de Dakar se plaignent des difficultés de compréhension qu’ont un grand nombre d’étudiants, et de l’incapacité à prendre des notes qui en résulte.

Pour tous ceux qui n’arrivent pas à franchir le seuil de la 3ème, l’avenir est bien sombre. La formation professionnelle est embryonnaire et il n’existe pas de formule de formation en apprentissage pour tous ceux qui se trouvent en situation d’échec scolaire.

Or tous ces jeunes se sont définitivement détournés du milieu rural dont la plupart pourtant sont encore originaires. Et le résultat final c’est un immense gaspillage d’énergies et de ressources humaines : l’efficacité de l’enseignement comme facteur de développement est très faible.

Ce n’est pas faute de capacités d’enseignement. Les meilleurs établissement privés réalisent leurs résultats grâce à la contribution d’enseignants du secteur public !

Ce n’est pas non plus une question de moyens : nombre d’écoles primaires rurales obtiennent d’excellents résultats au concours d’entrée en 6ème alors qu’elles sont sous-équipées, certaines classes s’hébergeant sous des abris de fortune.

Le problème de l’enseignement, c’est peut-être plutôt celui de sa vocation.

Quel avenir ?

Comment prétendre engager le pays sur les voies d’un développement durable si l’on ne peut s’appuyer sur des compétences nationales ? Les jeunes d’aujourd’hui sont les experts et entrepreneurs de demain.

Les parents investissent. Ils mettent leurs enfants dans des écoles privées, leur font donner des cours soutien. C’est un marché florissant : les écoles privées se multiplient et certains enseignants arrivent à doubler, voire plus, le salaire que leur donne la fonction publique. L’éducation est devenue un véritable business. Mais les performances générales restent décevantes et, surtout, les plus démunis, même si quelques uns d’entre eux émergent de façon spectaculaire, se trouvent exclus des perspectives que peut ouvrir le chemin de la formation.

L’amélioration des performances scolaires se trouve confrontée simultanément à plusieurs défis :

  • Accroître rapidement la capacité d’accueil (certains établissements publics continuent à constituer des classes de 80 élèves, en double rotation).
  • Améliorer la qualité de l’enseignement : cela suppose à la fois une remobilisation des enseignants sur des objectifs de performance, et de développer l’accès aux ressources éducatives en dehors de l’école.
  • Garantir à tous l’accès à un enseignement de qualité, et quelque soit le terme du parcours scolaire, une porte d’entrée sur la vie professionnelle.

L’école ne doit plus être une ouverture sur une impasse. Chaque jeune qu’elle reçoit constitue, pour le développement national, une graine d’espoir dont elle doit assurer l’épanouissement

Quelle école ?

Les jeunes d’aujourd’hui sont les décideurs de demain. Ce sont eux qui rendront ‘durables’ les dynamiques que nous aurons initiées et les investissements que nous aurons réalisés.

Ils s’appuieront pour cela sur les savoirs mais aussi sur les valeurs que nous leur aurons transmis.

L’école doit susciter l’émergence de comportements responsables.


publié par   Bruno Legendre
le jeudi 7 octobre 2010
 
 

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