Le pays a été dévasté successivement par la dévaluation du pesos jusqu’à l’entrée du pays dans la zone CFA en 1995, puis par la guerre civile.
En avril 1992, le pesos perdait chaque semaine 2% de sa valeur ; il était impossible de constituer la moindre épargne et un paysan de la région de Bafata vivait mieux qu’un ingénieur employé dans l’administration à Bissau. En 2001, les agents de la fonction publique n’étaient plus payés que de façon aléatoire ; les postes de santé et les écoles publiques n’étaient plus fonctionnels ; et dans la capitale elle-même les services d’eau et d’électricité, n’étaient plus assurés.
Ce n’est qu’à partir de 2001 que le pays, retrouvant progressivement sa stabilité, a pu commencer à élaborer de nouvelles stratégies de développement pour une amélioration durable des conditions de vie de la population.
Entre 1992 et 1995, une trentaine d’adductions d’eau solaires ont été réalisées dans le cadre de la première phase du programme régional solaire du CILSS. Grâce à leur très grande fiabilité, elles ont permis d’introduire la notion de service de l’eau en milieu rural, malgré un contexte économique déstructuré et des capacités techniques réduites : en 2001, lors du démarrage des activités du 8ème Fed, les populations ont elles-mêmes demandé à ce que les groupes électrogènes prévus sur certains sites soient remplacés par des systèmes photovoltaïques.
Entre 2001 et 2006, une large concertation ayant pour objet d’évaluer et de capitaliser l’expérience acquise au niveau d’une vingtaine de centres secondaires par l’ONG hollandaise SNV et par le 8ème Fed, a débouché sur la définition d’un Cadre National de Gestion du Service de l’Eau et sa validation officielle en octobre 2006.
Dans le contexte de la Guinée Bissau en 2006, ses éléments structurants sont les suivants :
- Exploitant : Il existe très peu de gros centres en Guinée Bissau ; les volumes à distribuer sont faibles, et sur un plan sociologique il est difficile d’en confier la gestion à des personnes extérieures au milieu : l’exploitation du service public de l’eau n’intéresse pas les acteurs privés. Pour pallier à cela, le Code de l’Eau identifie le concept d’ "Associação de Interesso Hídrico" (AIH) : différentes des traditionnelles "Associations d’Usagers", il s’agit de groupes, de taille limitée, de personnes motivées par la promotion d’un service de l’eau de qualité dans leur localité ; en l’absence de collectivités locales, ce sont elles qui seront chargées d’identifier, pour chaque localité, un exploitant et d’en contrôler l’activité.
- Suivi : Le pays est de petite taille. Le développement d’un service de l’eau de qualité s’appuiera sur une concertation régulière entre exploitants et responsables d’AIH au niveau local, facilitée par une "Cellule de Suivi" nationale, ou d’"Appui-Conseil", rémunérée par une redevance sur le prix de l’eau.
- Contrat : Pour pouvoir exiger des performances, il faut contractualiser les relations entre la structure délégante (la direction nationale des ressources en eau) et les opérateurs. Mais signer un contrat suppose qu’on a la capacité de le rompre si ses termes ne sont pas respectés ; c’est pourquoi il ne peut être valablement conclu qu’avec une structure privée ou un individu : par qui remplacerait-on une association locale déficiente ? L’AIH aura pour rôle d’arbitrer les conflits, mais aussi d’assurer la continuité du service de l’eau en cas de rupture du contrat.
- Epargne : L’épargne générée par la vente de l’eau peut constituer une source de financement importante pour les systèmes financiers décentralisés ; mais ceux-ci ne sont pas fiables. Compenser la faiblesse de l’environnement financier : mutualiser l’épargne, créer un Fonds National de l’Eau ; contrôle par les exploitants.
Sécurisation de l’épargne générée dans un contexte de précarité du secteur bancaire : systèmes financiers décentralisés, fonds
Le retard à cause du PRS 2....
Mettre en place la cellule de suivi et lui confier l’animation.
Faisabilité du PRS2 en 2001 : tentative d’imposer un Bureau de conseil et de contrôle (BCC) sur le modèle du STEFI malien. A l’évidence mal adapté au contexte national.
Refus d’entrer dans la dynamique de la politique nationale. Des experts qui croient tout savoir et pensent se valoriser en créant de nouvelles stratégies plutôt qu’en consolidant celles existantes. L’erreur de la transplantation de modèles, dont les performances sont artificiellement haussées....
La leçon de l’expérience Bissau Guinéenne, c’est que chaque pays a sa spécificité et qu’elle doit être respectée
Un contrat oui, mais s’assurer qu’on a les moyens de le faire respecter, c’est à dire de le rompre. Ce n’est pas le cas quand on contractualise une association d’usagers.
Le suivi : impliquer dès le départ, pendant la phase d’animation.
L’expertise internationale ? ne pas dupliquer d’un pays à l’autre, mais appuyer les stratégies nationales, faciliter une concertation des acteurs pour les améliorer et les mettre en œuvre.
Contributions