Chronique EESF n°19 - juin 2012

Les enfants, acteurs à part entière du programme EESF

Dans le cadre d’un partenariat avec l’inspection départementale de l’enseignement de Foundiougne, le programme EESF a démarré au cours de l’année 2011-2012 un projet pédagogique qui fait écho au 7ème et 10ème principe de la Déclaration des Droits de l’Enfant : ils invitent ceux qui ont la charge de l’éducation des enfants à leur faire découvrir leurs responsabilités morales et sociales et le devoir qu’a tout un chacun de consacrer son énergie et ses talents au service de ses semblables, conditions fondamentales d’un développement durable.

Faire participer les enfants au programme EESF

En quatre ans, le programme EESF a démontré sa capacité à surmonter les nombreuses difficultés techniques et financières qui inévitablement parsèment le chemin de l’innovation. Les valeurs de solidarité et d’équité auxquelles il se réfère sont devenues la base de partenariats de qualité, respectueux de notre initiative. Notre rêve désormais est de faire de cette action un cadre de référence et d’inspiration de nouvelles dynamiques de développement rural et de SOPREEF, l’entreprise solidaire qui en assure la coordination, un modèle d’organisation viable et reproductible.

C’est en prenant conscience que tous nos efforts n’auront d’impact durable, ne prendront pleinement leur sens, que si nos enfants s’en approprient l’essence , qu’est née l’idée d’inviter les écoles à nous aider à leur faire découvrir toutes les retombées que l’on peut attendre d’une intégration harmonieuse du Jatropha dans les systèmes agricoles paysans, la richesse de leur environnement en essences oléagineuses aux multiples propriétés, mais aussi comment les interpelle la Déclaration des Droits de l’Enfant en exprimant dans sa conclusion l’attente qu’ils consacrent leur énergie et leurs talents au service de leurs semblables. Cette invitation s’inscrit dans l’esprit du 7ème principe posé par cette même Déclaration, qui confie à l’école la mission essentielle de "permettre à l’enfant de développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des responsabilités morales et sociales, et de devenir un membre utile de la société".

A la rentrée de septembre, avec l’appui de l’inspection départementale, 20 écoles primaires et avec elles près de 400 enfants de CM1/CM2, se sont engagées dans le partenariat éducatif proposé par SOPREEF, dont l’objet est d’amener les enfants à développer leur propre regard sur le programme EESF et à y apporter leur contribution.

Un partenariat éducatif, en quatre étapes

Dans une première étape les enfants participent à l’action de reboisement de leurs parents.

Ils réalisent une pépinière, non seulement laboratoire de biologie végétale, mais dont la contribution au reboisement est aussi comptabilisée dans l’effort global de la Fédération de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF) : l’école bénéficie des mêmes retombées financières que n’importe quel producteur, chaque plant produit et chaque arbre planté et entretenu pendant 2 années recevant une prime de 20 FCFA qui vient alimenter le budget de fonctionnement de l’école. En outre les trois plus belles pépinières ont été récompensées par la remise d’arrosoirs et d’outils de jardinage fabriqués localement.

Dans une deuxième étape, les enfants donnent de la couleur à la vision qu’ils ont de leur avenir.

Chacun réalise un dessin sur un thème fixé par SOPREEF, qui était cette année « Pourquoi le Tabanani ? », et la classe sélectionne ce qu’elle estime être sa plus belle production, qui sera présentée plus tard à l’ensemble des écoles participantes. Les dessins réalisés sont superbes : qui donc a pu dire que « les enfants dans ces villages ne savent pas dessiner » ? Il a suffit simplement de donner à chaque classe une rame de papier et quelques jeux de crayons de couleur et de feutres !

Dans une troisième étape, les enfants sont invités à se concerter.

Ensemble, ils élaborent un message d’une phrase adressé à leurs parents, sur un thème libre, accompagné d’un petit texte explicatif. Les enseignants sont fortement impliqués dans l’élaboration de ce message, et c’est une bonne chose car c’est dans le partage de leurs convictions et l’intensité de leurs interactions avec les enfants qu’ils créent les conditions d’une pleine appropriation de ce message par les enfants.

La quatrième et dernière étape est un exercice de démocratie.

Chaque classe désigne un garçon et une fille qui seront chargés de porter son message au niveau des délégués des autres écoles. Elle doit aussi leur donner les moyens de remplir leur mission en toute indépendance : en prenant en charge les frais de déplacement de leurs délégués, les enfants marquent la sincérité de leur engagement et les positionnent en acteurs responsables.

Rencontre interscolaire : une leçon de démocratie et de solidarité

La rencontre des enfants s’est tenue à Sokone le dimanche 10 juin. Cela n’a pas été facile pour certains, mais ils étaient presque tous là, entourés d’une soixantaine de personnes, enseignants, parents d’élèves, responsables de la FPTF et partenaires du programme EESF qui avaient fait le déplacement pour les soutenir et les écouter.

C’est au cours de cette journée que les enfants ont finalisé leur contribution à la mise en œuvre du programme EESF : au moment où leurs parents s’apprêtent à planter de nouveaux arbres à l’approche de l’hivernage, ils se sont, à leur façon, montrés présents à leurs côtés, solidaires.

Après avoir élu trois dessins qui porteront l’image du programme pour l’année à venir, enfants, enseignants et partenaires, se sont mis au travail.

Les enfants se sont retrouvés par communauté rurale pour échanger, avec la facilitation d’un enseignant d’un autre secteur, sur le message dont chacun d’entre eux était le porteur, avec pour objectif de s’entendre sur ce qui est le plus important pour eux et de le dire tous d’une même voix.

Puis leurs délégués, un garçon et une fille, ont tenu une deuxième séance de travail pour retenir ce message comme étant celui de tous les enfants qu’ils représentaient : « Le jatropha, l’avenir de notre département, l’ami de mon école, l’espoir de notre village : Energie, Fertilité, Sécurité, Argent ».

Ce message avait été élaboré initialement par l’école de Ndorong Serere, un village de la communauté rurale de Diossong où le relai technique et le président de groupement de la FPTF, le chef de village, et les représentants de l’association de parents d’élèves s’investissent fortement dans toutes les activités du programme. Les magnifiques haies qui accueillent le visiteur de chaque côté de la piste qui traverse le village sont là pour en témoigner !

Les enfants se le sont approprié en toute liberté puisque l’enseignant de cette école ne faisait pas partie des facilitateurs des groupes de travail, et celui qui a été chargé de porter la voix de tous les enfants du programme EESF, Babacar Fall, était délégué d’une autre école, celle de Ndiaw Malick.

Voilà une belle démonstration de solidarité et de démocratie, dont bien des adultes pourraient s’inspirer !

Une journée dont on se souviendra

Pendant ce temps, responsables de la Fédération de Producteurs de Tabanani et enseignants ont réfléchi ensemble sur la poursuite de leur collaboration.

Ils ont pris la résolution de constituer au niveau de chaque communauté rurale un groupe de travail constitué d’un représentant de la FPTF, du président du Comité de Directeurs d’Ecoles (CODEC) et du président de la commission éducation du conseil rural : l’objectif est de mobiliser auprès de la collectivité locale un soutien pour faciliter la participation des enfants aux rencontres interscolaires, la concertation entre enseignants, et de façon générale encourager les écoles qui s’investissent dans la promotion du développement local.

Ce serait ainsi grâce aux enfants que nous verrions se réaliser notre espoir, sans cesse reporté malgré de nombreuses démarches, de voir les élus locaux s’associer à notre programme !

En souvenir de cet évènement, chaque école présente a reçu un dictionnaire et tous sont repartis avec un t-shirt sur lequel est imprimé le dessin d’un Tabanani réalisé en 2010 par une élève de l’école de Keur Saloum Diane, Coumba Diop.

Et pour finir, alors que nous nous mettions en place pour la traditionnelle ‘photo de famille’, où le président de la FPTF se trouve assis entouré de tous les représentants des enfants, l’un d’entre eux s’approche : « je suis très fier de cette journée ! », dit-il.

C’est notre plus belle récompense. La graine d’espoir que nous avons semée, déjà est en train de germer !


Portfolio

Tabani, par Coumba Diop - Ecole de Keur (...)

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