La population de la communauté rurale de Djilor a-t-elle droit à l’eau ?


C’est en 2000 que, pour la première fois, un rapport a été présenté au ministre en charge de l’Hydraulique rurale, puis au Conseil Supérieur de l’Eau, sur l’ampleur et la gravité du problème posé par la présence de fortes concentrations en fluorures dans les eaux souterraines utilisées pour l’alimentation des populations au Sénégal.

Déjà à cette époque des solutions viables de traitement ou de transfert d’eau étaient identifiées. Mais il a fallu attendre 10 ans pour que les premières stations de traitement soient installées dans quelques villages pilotes.

Le Droit à l’Eau Potable, dont le concept a été défini par un avocat Sénégalais, a fait l’objet de plusieurs résolutions des organisations des Nations Unies au cours des deux années passées. Et en 2012 la 6ème édition du Forum Mondial de l’Eau se tiendra sur le thème "Le temps des solutions".

Mais pour la communauté rurale de Djilor, petite collectivité locale du Sénégal où moins de 5% de la population a accès à l’eau potable, l’avenir reste bien sombre. Au-delà des mots et des discours, les efforts que multiplient un petit groupe d’acteurs locaux profondément engagés dans une dynamique de développement durable, ne suscitent, paradoxalement, aucun intérêt.

Le Droit à l’Eau

En 2007, le Secrétaire Général des Nations-Unies a confié à un juriste sénégalais, El Hadj Guissé, la tâche de définir le concept de Droit à l’Eau

En juillet 2010, le Droit à l’Eau Potable a été reconnu par l’Assemblée Générale des Nations-Unies comme un "droit essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les des Droits de l’Homme" (résolution 64/292).

En mai 2011, l’Assemblée Mondiale de la Santé a proclamé "le droit de l’homme (...) à disposer pour son usage personnel et domestique d’une eau et d’un assainissement qui soient suffisants, sans risques, acceptables, accessibles physiquement et abordables" (résolution 64/24).

En septembre 2011, le Conseil des Droits de l’Homme affirme qu’il faut "privilégier une démarche locale et nationale à l’examen des enjeux" liés à l’accès à l’eau potable, et que "le droit fondamental à l’eau potable (...) est inextricablement lié au droit au meilleur état de santé physique susceptible d’être atteint, ainsi qu’au droit à la vie et à la dignité" (résolution 18/1).

En novembre 2011, la rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur le Droit à l’Eau et à l’Assainissement, Catarina de Albuquerque, était en visite au Sénégal. Elle souligne dans le communiqué final de sa mission, devant les performances annoncées par le Sénégal (le taux de couverture a atteint 87,2% en 2010), que « accroître l’accès a peu d’impact si l’eau offerte n’est pas de bonne qualité pour la consommation. »

En mars 2012, institutions nationales et organisations de la société civile de tous pays se rencontreront lors du 6ème Forum Mondial de l’Eau qui se tiendra à Marseille sur le thème "Le temps des solutions" ; elles sont invitées à y prendre des engagements, notamment pour "Garantir l’accès à l’eau pour tous et le Droit à l’Eau".

En 2012, dans la communauté rurale de Djilor (région de Fatick, Sénégal) située dans le delta du Sine-Saloum, 96% de la population s’approvisionne en eau à partir de ressources souterraines qui présentent des concentrations élevées en fluor et en chlore, très dangereuses pour la santé, notamment celle des enfants.

Bénéficiera-t-elle un jour de ce droit à l’eau, à la vie, à la dignité ?

Les solutions existent

En 1992, l’Université de Dakar a tenu un symposium sur la problématique du fluor au cours duquel ont été présentées plusieurs techniques de traitement : elles sont nombreuses, mais à l’époque aucune d’entre elle ne s’avérait techniquement et économiquement viable pour une application à grande échelle.

En 1996, une équipe de chercheurs français et sénégalais [1] travaillant sur les technologies membranaires, et plus particulièrement de nanofiltration, pressentaient qu’elles peuvent constituer la solution recherchée car elles sont économes en énergie et simples à mettre en œuvre ; ils concluaient ainsi les résultats de leurs recherches :

Contrairement aux traitements chimiques classiques qui demandent des ajouts coûteux en produits chimiques, des ouvrages importants de génie civil et une maintenance qualifiée, la nanofiltration permet d’obtenir en une seule étape une eau de qualité reconnue, pour un coût énergétique faible et une maintenance de faible niveau de technicité. La nanofiltration permet de plus d’éviter des traitements complémentaires de décontamination ou de reminéralisation. Elle s’avère être la technique la plus performante pour le traitement de potabilisation des eaux saumâtres fluorées du bassin du Sénégal, à petite et moyenne échelle.

Ces travaux ont été approfondis par Courfia Diawara, un chercheur Sénégalais, en collaboration avec les plus grands laboratoires internationaux spécialisés dans ces technologies, et les résultats de son travail ont fait l’objet d’une série de publications dans plusieurs revues scientifiques internationales, entre 2002 et 2006.

En 2010, la technologie est enfin sortie des laboratoires, et Courfia Diawara a testé avec succès à Ndiaffate, sur le forage d’un monastère de Carmes, le traitement d’eau fluorée et salée par nanofiltration.

Ndiaffate, c’est un village situé à quelques dizaines de kilomètres seulement de Djilor : la solution est là, "à portée de main"...

Une voix qui n’arrive pas à se faire entendre

Depuis 2008 le programme EESF [2], initiative d’une association paysanne et d’un cabinet d’expertise sénégalais, a porté la situation de la communauté rurale de Djilor à l’attention de nombreux acteurs.

Un projet de mobilisation des jeunes autour des enjeux de santé publique liés à la qualité de l’eau consommée a été introduit auprès de l’UNICEF, de la société Kirene SA (producteur d’eau minérale à une centaine de kilomètres de Djilor), de la Fondation AES (’Agir pour l’Éducation et la Santé’, Sénégal), des Ambassades des Pays-Bas, de France et des États-Unis. Ces démarches sont restées sans suite, parfois sans même une manifestation d’intérêt.

Parce qu’il serait peut-être plus facile d’obtenir le financement d’un ouvrage ou d’équipements (qui seront visibles, qu’on pourra réceptionner...) qu’un soutien à un plaidoyer, la présentation détaillée d’un projet "Potabilisation de l’eau produite par le forage de Sadioga" [3] a été élaborée et soumise à la Fondation Ensemble, au coordinateur du PEPAM [4] et à la coopération belge [5], au Programme Solidarité Eau (PS EAU, France) [6]. Cette nouvelle initiative n’a, elle non plus, pas suscité la moindre réaction.

En août 2012, l’Union Européenne a lancé, auprès des Acteurs Non Étatiques du Sénégal (ANE), un appel à propositions visant à promouvoir (1) l’amélioration des conditions de vie des communautés défavorisées et le renforcement de l’application des droits humains et (2) le renforcement de l’influence des ANE sur la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques.

La proposition du programme EESF, intitulée "Plaidoyer pour l’accès à l’eau potable des populations de la communauté rurale de Djilor", fédérait autour de la promotion du Droit à l’Eau des acteurs clefs du développement local : une entreprise solidaire rurale (SOPREEF) [7], une radio rurale (Niombatto FM), le conseil rural de Djilor (dont la responsabilité est importante car les compétences en matière de santé, d’éducation et de gestion du service public de l’eau ont été transférées aux collectivités locales), l’association des usagers du forage de Sadioga (ASUFOR, en charge de la gestion de ce forage), et une association sénégalaise (ASADER) dont la vocation est de promouvoir auprès des jeunes les dynamiques du développement rural.

Au mois de décembre, les résultats sont tombés, décevants : la proposition "n’a pas été prise en compte (car elle) a obtenu un score inférieur à celles sélectionnées".

Décevants du manque de transparence, qui ne permet pas de se positionner au sein de la compétition dans laquelle on s’est engagé : qui sont donc les porteurs des projets retenus, qui ont été estimés plus capables de mobiliser les acteurs non étatiques, de promouvoir une meilleure prise en compte des droits humains dans la mise en œuvre des politiques publiques ? Quelles sont donc les communautés plus défavorisées, plus atteintes dans leurs droits essentiels que celle de Djilor, que l’on a décidé de soutenir ? Ces questions, posées aux organisateurs de la compétition, resteront sans réponse.

Décevants car pourtant elle a réalisé un bon score, cette proposition : 87% pour sa pertinence ! 75% pour sa conception ! et une note globale de 82% !

Au sein de toute la cacophonie, alimentée par les appétits les plus variés que suscite la mise en œuvre du Droit à l’Eau, il est très difficile pour les plus petits, ceux dont les droits sont bafoués, malgré tous les efforts qu’ils fournissent, de se faire entendre.

La « pertinence » d’un projet ne suffit pas pour qu’il soit financé

Oui, il est éminemment pertinent, le projet qui a su convaincre des acteurs clef du développement au niveau de la communauté rurale de Djilor de conjoindre leurs efforts pour la promotion du Droit à l’Eau.

Ce projet est pertinent car il n’est pas opportuniste. Il n’est pas constitué d’un assemblage de mots et de codes convenus dont la bonne combinaison, entrée dans la machine à sous des organisations internationales, fera tomber le jackpot. Il s’inscrit dans la continuité d’un combat de 10 ans pour que la problématique de la qualité de l’eau, à laquelle est soumise la vie de 500.000 personnes au Sénégal, soit intégrée dans les politiques nationales.

Ce projet est pertinent car il s’inscrit dans une démarche de développement cohérente. Il fait partie intégrante du programme EESF, une initiative portée depuis 2007 au prix d’efforts et de risques énormes par un groupe d’hommes et de femmes convaincus qu’il ne peut y avoir de développement durable sans l’émergence d’un modèle reproductible d’entreprise rurale solidaire permettant d’assurer, au niveau local, la maîtrise de l’approvisionnement en énergie et des compétences organisationnelles et techniques indispensables pour relever les nombreux défis de la lutte contre la pauvreté et en premier lieu celui d’un accès des plus démunis à une eau de qualité.

Ce projet est pertinent car il est conçu en synergie avec une action éducative innovante, dont le lancement en 2011 avec l’appui d’un jeune volontaire français et en partenariat avec l’Inspection Départementale de l’Enseignement Primaire, a pour objectif de promouvoir auprès des enfants, de leurs parents et de leurs éducateurs le principe 7 (« développer ses facultés, son jugement personnel et son sens des responsabilités morales et sociales, et devenir un membre utile de la société ») et le principe 10 (« consacrer son énergie et ses talents au service de ses semblables ») des Droits de l’Enfant comme fondements durables de la mise en œuvre du Droit à l’Eau.

Mais alors que lui manque-t-il pour mobiliser les appuis qu’il recherche ? Si la démarche proposée est soutenue par des acteurs variés du développement local, si elle s’appuie sur des compétences techniques solides, si elle s’inscrit dans un environnement qui garantit la pérennité des investissements qui seront réalisés et la création des conditions d’un accès équitable à une eau de qualité, si elle s’articule sur des relais institutionnels forts qui pourront en capitaliser les acquis et les diffuser à l’échelle nationale, que manque-t-il donc pour qu’on le reconnaisse comme une opportunité valable d’investissement dans la mise en application du Droit à l’Eau ?

On ne peut rester sur un tel constat d’échec, car c’est la vie de plusieurs milliers de personnes qui est en jeu. On doit s’interroger sur les raisons qui rendent si difficile l’aboutissement des démarches engagées pour que la population de Djilor ait accès à l’eau potable : et si c’était parce qu’elles sont mal comprises que ces démarches reçoivent si peu de considération ? Et si l’action proposée, en mettant l’accent sur sa dimension solidaire, avait été trop loin, était sortie du cadre de la compétition, se plaçant tout simplement “hors sujet” ?

Revendiquer un Droit et promouvoir la Solidarité, est-ce compatible ?

C’est au nom de l’Equité qu’est énoncé le Droit à l’Eau. Il affirme que tout être humain, sans aucune distinction, doit bénéficier de ce droit. C’est un outil dont se dote la collectivité, mue par l’impérieuse nécessité de préserver le frêle équilibre qui régit la relation entre ses membres.

Le Droit à l’Eau pourrait devenir un recours devant les juridictions nationales, une arme de défense des plus démunis. Les Etats le craignent, et c’est pourquoi ils freinent son intégration dans leurs dispositifs réglementaires. Les organisations de la société civile le brandissent comme une menace, mais, ainsi que le soulignait leur représentant au Sénégal lors de l’ouverture du Forum National de l’Eau du 19 décembre 2011, elles privilégient en premier lieu la recherche d’une stratégie consensuelle, avec pour objectif de faire de ce nouvel outil un puissant levier de mobilisation de financements, « dans l’intérêt de tous ».

Souci d’efficacité pour alléger la souffrance des plus pauvres et désamorcer des tensions de plus en plus dangereuses pour la paix sociale ? Sous le couvert de la ‘lutte contre la pauvreté’ ou de la ‘réalisation des objectifs du millénaire pour le développement’, Etat et société civile, prétextant de l’urgence du moment, se font complices sous le regard complaisant des institutions internationales. Derrière le souci annoncé d’équité, derrière l’esprit affiché de justice, se trouvent des intérêts colossaux qui n’ont même plus besoin de se cacher : le principe d’équité autorise à prélever, sur les ressources mobilisées, une “juste” rémunération du travail accompli au service de la communauté, ou plutôt à son “profit” : ne parle-t-on pas de “bénéficiaires”, de “génération de revenus” ?… Les mots ne sont pas innocents ; leur manipulation relève d’un grand savoir-faire.

Ainsi conçu, le Droit à l’Eau est anonyme, il ne cible aucun groupe en particulier et personne, groupe ou individu, ne s’en trouve responsable : le droit est reconnu, mais son contenu n’étant pas défini et les responsabilités n’étant pas situées sa revendication n’est pas permise. Ce Droit-là est un rouage d’une mécanique dont la logique échappe à chacun d’entre nous.

C’est au nom de la Solidarité que le programme EESF énonce le Droit à l’Eau de la population de la communauté rurale de Djilor. Ce qui fait l’originalité de la démarche qu’il propose, c’est que la structure qui la porte n’a aucun intérêt dans les financements qu’elle cherche à mobiliser : c’est dans la valeur ajoutée humaine et économique qu’elle génère par ailleurs que SOPREEF a pour ambition d’établir sa légitimité et sa durabilité.

Libérée de toute ambigüité quant à la motivation de sa démarche, SOPREEF concentre son action sur le développement d’un réseau de solidarités. Développer un plaidoyer, le porter au niveau national pour qu’il fasse écho dans toutes les régions du pays, est pour elle aussi important que l’acquisition de systèmes de traitement et le renforcement des réseaux de distribution. Elle invite les jeunes et les élus locaux à d’être acteurs et non plus ‘bénéficiaires’, à comprendre et assumer pleinement leur responsabilité sociale.

L’équité, si elle ne s’inscrit pas dans un cadre de solidarité, n’est plus que l’expression d’un équilibre au sein d’un rapport de forces. Il lui manque, pour promouvoir le Droit des plus démunis, une dimension humaine : l’enjeu n’est pas simplement de leur concéder l’accès à des capacités techniques ou financières ; il est aussi de créer les conditions d’une adaptation durable à un environnement difficile, dont la dégradation relève parfois d’une responsabilité collective, et cela risque fort d’impliquer d’importants changements dans nos modes de vie et en premier lieu dans notre relation aux autres.

C’est donc face à des hommes “debout”, qui demandent d’abord à être reconnus pour l’initiative qu’ils conduisent pour le bien de tous, à être entendus et non pas ‘aidés’, que se trouve celui qui devra donner son avis, décider de la suite qui sera donnée à la proposition d’action qui lui est soumise. L’appel à propositions est retourné sous la forme d’une invitation à agir ensemble. Il est interpellé dans son humanité. Il ne s’agit plus de partager une provende, mais un avenir commun. Le jeu de rôles est bouleversé ; on ne sait plus qui “appelle” à l’aide, de celui qui sollicite ou de celui qui soumet une proposition. La grille d’analyse n’est plus la même, les repères sont perdus.

La première réaction est dès lors normale : y a-t-il d’autre solution que le rejet, de fermer la porte qui avait été entr’ouverte, de refuser d’en entendre davantage de celui qui ne parle pas le même langage ? C’est plus simple que de prendre le temps de se demander comment articuler les concepts et profiter de cette dynamique pour que, car c’est finalement la seule chose qui devrait compter, le Droit du plus petit soit respecté.

En guise de conclusion, l’espoir, toujours…

Des personnes, à cet instant même, souffrent de ne pas disposer d’eau de qualité, de l’injustice qui leur est faite, du sentiment qu’elles ont d’être oubliées, délaissées d’un monde où le clinquant prime sur l’honneur et le respect de la vie. Ni la pitié ni l’investissement bien calculé, au nom de l’équité, ne leur permettront jamais d’améliorer de façon durable les conditions dans lesquelles elles vivent.

C’est l’esprit de solidarité et d’équité qui nourrit les fondements des Droits de l’Enfant que l’on enseigne dans nos écoles et qui servent de guide à la construction des hommes qui seront plus tard responsables de l’application – ou non – de tous les Droits de l’Homme. L’un ne va pas sans l’autre : sans engagement fort dans un partage équitable des ressources, la solidarité ne serait que “charité”, assistance à la résolution ponctuelle de situations d’urgences.

Le Droit ne s’octroie pas, il se défend. On se l’approprie. Être solidaire c’est partager la responsabilité de sa mise en œuvre.

Personne n’est insensible, au fond de lui-même, à la réflexion sur l’avenir qui sous-tend l’invitation à une démarche solidaire. L’esprit de solidarité est un grain de sable qui bouleverse le fonctionnement de rouages bien rôdés ; le message distillé, même si on a décidé de ne pas y répondre, oblige insidieusement à se questionner sur les mécanismes qui les font si bien tourner, les profits qu’on en tire, à l’encontre peut-être de l’équité que l’on prétend promouvoir…

Ceux qui dans les Ambassades, les Fondations ou les bureaux des bailleurs de fonds de tous ordres, reçoivent les réponses aux appels (à l’aide ?) qu’ils lancent, s’imaginent-ils la somme de travail que représente, pour de petites structures confrontées chaque jour au poids de la précarité, l’élaboration de dossiers qui répondent à leurs critères et autres clefs de lecture du ’développement’ ?

Soutenir la lutte contre la pauvreté, ce devrait être d’abord respecter l’effort de celui qui s’organise et essaie de prendre en charge son avenir, lui accorder une part de l’audience trop accaparée par les experts de tous bords pour lesquels la pauvreté, ou plutôt les mots avec lesquels ils savent avec brio l’énoncer, sont avant tout une superbe rente financière. Soutenir la lutte contre la pauvreté, ce devrait être donner la préséance à l’effort, la ténacité, la conviction, l’engagement solidaire.

Le monde s’agite autour de cette belle idée du Droit à l’Eau. L’effervescence suscitée par la porte ouverte par les Nations-Unies, et qui aiguise tous les appétits, génère un brouhaha tel que l’on entend plus la voix de ceux dont ce droit et tous les autres droits qui en dépendent sont bafoués.

Nous aurions honte de nous décourager, aussi lourds et frustrants puissent nous paraître nos échecs au terme de quatre années de démarches infructueuses, car c’est la vie entière d’enfants que nous côtoyons tous les jours qui est en jeu. Nous n’avons pas la capacité, seuls, de relever les défis auxquels nous sommes confrontés, et beaucoup de nos ressources ont déjà été englouties dans cette quête, mais il nous reste encore notre parole.

Pendant 10 ans nous n’avons eu de cesse d’œuvrer à ce que les institutions nationales et leurs partenaires internationaux acceptent de reconnaître que la qualité de l’eau distribuée aux populations est dans certaines régions inacceptable, que des solutions existent, qu’il est de leur devoir de permettre leur mise en œuvre, et qu’en attendant le Sénégal est très loin de réaliser son ambition d’atteindre en 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

De la même façon nous continuerons à dire l’injustice dont souffrent les populations de la communauté rurale de Djilor et à promouvoir leur droit.


[1] Maxime Pontié, Michel Rumeau, Mariama Ndiaye, Codou Mar Diop - article publié dans les Cahiers "Santé", numéro 1, Vol. 6, pages 27 à 36, 1-2 / 1996

[2] Eau Energie Solidarité Foundiougne

[3] Ce projet inclut l’acquisition d’une station de traitement par nanofiltration, son intégration dans le système de distribution actuel, la réhabilitation des bornes-fontaines, et le renforcement de la gestion du service public de l’eau

[4] Programme Eau et Assainissement pour le Millénaire

[5] Dans le cadre du PEPAM, la coopération belge a financé divers programmes visant l’amélioration de l’accès à l’eau des populations du Sine-Saloum, la région naturelle à laquelle appartient la communauté rurale de Djilor : ’Parpeba’ (2004-2008), ’Pepam-Ba’ (2008-2012), ’Pepam-aqua’, ’Barvarfor’ (2011-2015)

[6] Le PSEAU facilite la coopération entre collectivités locales du Nord et du Sud pour l’amélioration de l’accès à l’eau

[7] La proposition du programme EESF était portée par SOPREEF, l’entreprise rurale solidaire qui en assure la coordination


publié par   Bruno Legendre
le vendredi 30 décembre 2011
 
 
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Contributions

par  Lamine Seck , le vendredi 20 janvier 2012 à 18h24
Les populations de Djilor, Sadioga,...etc attendent depuis longtemps cette bonne eau si indispensable pour leur survie et celle de leurs enfants.
Il est temps que le monde leur tende la main.

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